Rentrée littéraire (émotion)

Son poil intelligent et son regard crémeux
aux doux reflets d’argent : c’est l’émeu qui m’émeut.
ô
Petit noizo
qui tète encor sa mère
Petit noizo
prends bien garde au vautour
Petit noizo
qui tète encor ta mère
Petit noizo
fais gaffe à le vautour
car le vautour
il a toujours très faim.

envoi :

si la soie m’aime,
C’est pour moi-même.

Alchimie: point d'or sans oxygène.

le vent charrie des mots
dans un dialecte grave
Il remue les rameaux,
délace les entraves.
Bruissent les feuillures
et souffle l’aquilin,
chevauchant même allure,
deux souffles ne font qu’un.

haïku

   Retour du père.
   Maison vide.

rien.

j’ai retrouvé ce vécu, de décembre dernier, voulu le mettre ici.
  Le doigt mouvant écrit. Et, ayant écrit, signe.
Avance encore et ni ma foi, ni mon esprit
Ne peuvent revenir pour barrer une ligne,
Ni toutes les larmes en effacer un pli.
  Sous le Ciel, dans mes chants, trouveras-tu remède ?
Mes mots te berceront  et je tairai ma peine
  mais ne tend pas la main pour implorer Son aide
Car Il partage ton impuissance et la mienne.
  C’est la nuit, le matin..? Insomniaque, je lis.
Elle apparaît, pleurant, une heure avant l’aurore.
– Qu’as-tu, mon coeur? Tout doux. Je te ramène au lit…
– …elle ne m’aimait pas, mais moi je l’aime encore.

 

origaru-onaï

je n’ai de souvenir que les rais de lumière
sur son charmant visage éclaboussé de rêves
et ce joli bouleau à la stature altière
dont les feuilles au loin tremblaient, tremblaient sans trêve.

Sous la brise volette une petite plume
et sous ce même vent un marteau bat enclume.

C’est dans l’obscurité que la lumière nait,
et c’est par la lumière que l’ombre se fait
et l’ombre devient nuit, et vient l’obscurité.
c’est de l’obscurité que la lumière naît..

Extraits retrouvés de "Pétanque et jeux de goules". 3.

Amour. Turgescence ondulante et nourricière,
Tourbe. Lit de chagrin. Division cellulaire…
L’insane aux pieds légers a étendu ses mains
Vers la pluie qui tombait, le typhon pérégrin
Dont les sabots ferrés frappaient le ciel nocturne ;
Une harpe effleurée sous les rayons de Lune…
Et de l’esprit fibreux
Soudain entré en liesse
Au son d’airs langoureux,
De la bête en détresse
Eclata sous la pluie
Une suite de mots écaillés et luisants,
Phrases sans aucun sens, onctueuses et tièdes,
De ces phrases d’amour auxquelles nul n’accède
Qui veulent remuer ciel, terre et firmament ;
Un Eden sous la pluie.
Quand il voulut parler
son visage prognathe
Rosit sous la clarté
D’une lanterne ingrate ;
Quand il voulut parler, la Lune s’obscurcit
Sous l’effort qu’il faisait, affligea sans merci
Son besoin d’exprimer, de pouvoir enfin dire
Le feu qui l’animait. Qui aurait pu prédire ?
Après l’avoir lorgné, Elisabeth a ri.
Du sang épais fume sur cet autel sali.

Extraits retrouvés de "Pétanque et jeux de goules". 2.

La zénana d’Annie à nouveau envahie
De rêves ravivés a revêtu de blanc
Le banc des souvenirs et des baisers troublants
Que la femme polyandre a donné dans sa vie.
Et les eaux de l’étang sifflent les airs d’antan
Qu’on fredonnait souvent lors des néoménies
Quand la fredaine allait et venait sans manie
Combler la joie des gueux sur des seins si tentants.
En mémoire d’un monde qui fut mis en bière
Avec empressement et quelques serpillières,
Un jeune cavalier est passé ce matin
Déposer son présent le front haut, l’oeil mutin.
J’observais… Après avoir humé l’air serein,
Il couvrit la maison d’une immense épissière.

Ce qu'il faut savoir pour finir

Le carré est carré
et l’aronde est ronde
mais la fleur effleure
et la ronde et l’onde.