Anguille au vert

Anguille au vert

Une petite recette pour amateurs avertis ; on est juste dans la bonne période (qui va de juin à novembre) !

Primo, les ingrédients. Secundo, la façon.
Pour le vin, un blanc bourguignon, aligoté, à choisir sur les communes réussissant le mieux le cépage (Bouzeron, Pernand-Vergelesses), servi frais.

Compter 40 mn de préparation et 35 de cuisson.

Pour 4 personnes :
4 petites anguilles
150 g d’épinard
100 g d’oseille
1/2 botte de cerfeuil
3 branches d’estragon
1 feuile de sauge
1/4 de botte de persil plat
1 botte de ciboulette
1/4 de litre de vin blanc
le jus d’un demi-citron
2 jaunes d’oeuf
2 cuiellerées à soupe d’huile
50 g de beurre
sel et poivre

– Dépouiller et parer les anguilles. Si le poissonnier peut le faire, tant mieux.
C’est toujours folklorique la première fois qu’on dépouille une anguille : la peau est glissante et extrêmement résistante. Une méthode en vaut une autre : clouez la tête sur un support vertical (pas la porte du voisin), découpez (la lame de cutter est idéale, ou le scalpel) la peau juste en dessous en faisant le tour, une petite incision verticale, glissez les pouces à l’intérieur et déshabillez en tirant d’un grand coup vers le bas.
(Pour le déshabillage, la technique est réservée aux anguilles 😉 ).
– Equeutez les épinards et l’oseille. Lavez-les, égouttez-les puis essorez-les. – Découpez-les en fines lanières. Lavez puis hachez finement toutes les herbes.
– Coupez les anguilles en tronçons de 6 cm. Faites les revenir dans une sauteuse avec 2 cuillerées à soupe d’huile bien chaude et 50 g de beurre. Quand elles sont bien raidies, ajoutez les épinards et l’oseille finement ciselées. Laissez-les fondre pendant 5 mn à feu doux. Déglacez ensuite avec le vin blancet ajoutez toutes les herbes hachées, du sel et du poivre. Recouvrez le tout d’un peu d’eau, jute à hauteur, et laissez mijoter pendant 15 mn.
– Quand les anguilles sont cuites, retirez-les dans un saladier.
-Baissez le feu. Délayez les jaunes d’oeuf avec le jus de citron, ajoutez un peu de sauce puis versez le tout dans une sauteuse en remuant à la spatule jusqu’à ce que la sauce soit liée. Retirez-la du feu avant qu’elle n’atteigne l’ébullition et nappez-en les morceaux d’anguille.
– Servez tiède, éventuellement accompagné de croûtons dorés au beurre. Vous pouvez aussi le servir froid.

Vous allez adorer…

L'escargot – volet 4 : quatre recettes d'exception.

La soupe d’escargots aux orties, de Bernard Loiseau.

lorsque Bernard Loiseau invente sa soupe aux orties (qui fera accourir à Saulieu les bons becs et s’émerveiller les censeurs en gastronomie), il ne fait qu’exploiter un souvenir de son enfance auvergnate et ne songe même pas aux ragoûts médiévaux dont viennent pourtant et l’ortie et la soupe aux escargots.
Quant à l’escargot de Blancey, moelleux et savoureux, on le doit à l’élevage de jean-François Vadot situé à Blancey, en Côte-d’Or.

Il faut :
4 douzaines d’escargots de Blancey
100 g d’orties
un bouquet garni
2 carottes
2 gros oignons piqués de clous de girofle
2 poireaux
10 g de sel
2 g de poivre
du vin blanc sec
citron

Faire jeûner les escargots trois jours ; bien les laver ; les ébouillanter une minute à l’eau ; les sortir des coquilles ; les laver et les égoutter.
Les faire mijhoter 5 heures dans un court-bouillon additionné de vin blanc.
Egoutter et réserver l’eau de cuisson, le “jus d’escargot”.
Faire cuire 30 minutes les légumes dans le jus d’escargot ; retirer les légumes et les passer au mixer.

Les orties :
On les cueille au printemps (voir billet antérieur sur la soupe d’orties, plein de conseils utiles à celui-ci) en ne choisissant que les jeunes pousses (plus tard, l’ortie développe une odeur forte et désagréable).
Ôter les tiges, les laver, les pocher 5 minutes. Egoutter, passer au mixer et réserver (elles se conservent parfaitement dans cet état au congélateur).
Faire chauffer les escargots dans leur jus. Incorporer une cuillère à soupe de purée de légumes qui servira de liaison et ajouter la purée d’orties.
Rectifier l’assaisonnement : sel, poivre (attention, les orties sont poivrées de nature) et le jus de citron.
Servir très haud dans une assiette creuse.

Les escargots de Bourgogne en coquille (selon Jean Ducloux)

On peut bien les faire en matelote ou en brochette, dont il indiquait les recettes dans son livre autobiographique, n’empêche ; Jean Ducloux n’en démordait pas :”les escargots sont de Bourgogne et on les mange en coquille, un point c’est tout”.
Voici la recette de ce maître de référence qui avait pour bible le répertoire Grégoire et Saunier, auprès duquel nombre de disciples – dont Paul Bocuse – vinrent prendre leçons.

Cuison des escargots :
Les mouiller à l’eau froide salée ; une pincée de poivre concassé, un bouquet garni, un oignon et une carotte émincés, une couenne de lard.
Faire cuire 3 heures à la mijoteuse Tournus qui a l’avantage de ne pas bouillir (“Plus l’escargot cuit vite, plus il est dur”) On peut remplacer la mijoteuse par un bain-marie au four.
Egoutter et farcir au beurre d’escargot.

Beurre d’escargot :
500 g de beurre
2 gousses d’ail
30 g d’échalotte
75 g de persil
2 noisettes râpées
123 g de sel et 2 g de poivre moulu.

Pour les chauffer :
au four, toujours doucement et surtout ne pas faire bouillir le beurre. On peut humidifier chaque coquille d’un peu de châblis.

jean Ducloux recommandait avec pertinence de servir un vin blanc léger, car “aucun vin ne peut être parfait avec l’ail” et proposait à l’issue un sorbet au citron parfumé au marc pour “se rincer le bec”.

Cassolette d’escargots au vin jaune

une recette de Jean-Paul Jeunet (comme la suivante). Une merveille où vin jaune, liqueur anisée et escargots rassemblent un festival de saveurs.

Il faut :
8 douzaines d’escargots
220 g de beurre
15 cl de crème fraîche
50 g d’échalote
10 g d’ail
50 g de persil
10 g de cerfeuil
100 g de noisette
10 cl de Château-Chalon
5 cl de marc
2 cl d’anis de pontarlier
sel et poivre
3 branches de thym et 1/2 feuille de laurier

La veille, faire mariner les escargots dans le vin jaune, l’anis, le marc, le thym et le laurier.
Malaxer 120 g de beurre, l’échalote, l’ail écrasé, le persil et le cerfeuil finement hachés.
Faire suer les escargots dans le beurre restant. Déglacer la marinade et faire réduire de moitié. Décanter les escargots et les tenir au chaud.
Ajouter à la réduction le beurre aux herbes puis la crème. Faire réduire en fouettant vivement pour obtenir un mélange mousseux.
Placer en cassolettes individuelles et servir aussitôt.

L’embeurrée d’escargot.

8 douzaine d’escargots
8 feuilles de chou de Milan (blanchies 3mn à l’eau salée)
50 g de carottes, 50 g de navets, 50g de fenouil (couper les légumes en dés, blanchir 3 mn).
1 petit bouquet d’herbes fraîches (estragon, cerfeuil, sauge, aneth et persil)
100 g de Champignons de Paris ou champignons des bois
25 g d’échalote ciselée,
20 g d’ail blanchi
50 g de beurre, 10 g de crème, 2cl d’huile de noisette et 10 cl de vin d’Arbois.

Faire fondre le beurre, ajouter l’huile et faire suer les escargots sans trop colorer.
Ajouter le vin, la crème, les légumes, les herbes, assaisonner.
Faire réduire et réserver au frais.
Etaler les feuilles de chou, garnir et rouler en boudin.
Préparer une nage : court-bouillon de légumes au vin blanc. Y laisser infuser quelques morceaux de réglisse en bâton. Ajouter le restant de beurre et les herbes.
Cuire les embeurrées dans un couscoussier. Napper de nage aux légumes. Servir aussitôt.

L'escargot – volet 3 : suçarelle et cargolade.

La suçarelle.

il existe de nombreuses variantes de suçarelles en Provence. Le principe est de servir dans leur coquille de petits escargots court-bouillonnés puis préparés en sauce. La coquille percée au sommet permet d’aspirer à la fois la chair et la sauce au risque de s’étrangler si, procédant avec trop d’énergie, on ingurgite la coquille, ce qui n’arrête en aucun cas les amateurs.
En plat ou en d’apéritif, la suçarelle est très appréciée.

Ingrédients :
4 douzaines de petit-gris,
court-bouillon : 2 litres d’eau, un verre de vinaigre fin, 2 carottes, 2 oignons, 1 blanc de poireau, bouquet garni (persil, thym, estragon, ciboulette),
200g de chair à saucisse ou de petits lardons préalablement blanchis,
2 tomates,
1 oignon,
3 gousses d’ail,
persil, estragon, ciboulette et quelques feuilles d’oseille,
un verre de vin blanc sec.

Surtout, ne pas trop faire jeûner les escargots pour qu’ils aient encore du goût.

Jeter les petits-gris dans le court-bouillon, écumer et cuire trois heures.
Faire revenir dans un sautoir à l’huile d’olive l’oignon émincé et les lardons.
Ajouter les tomates épluchées et hachées, l’ail écrasé et laisser cuire doucement.
Mouiller au vin blanc sec, ajouter quelques feuilles d’oseilles hachées et une grosse poignée d’herbes ciselées.
Egoutter les escargots, trouer la coquille et les ajouter au ragoût d’oignons et de tomates. Bien mélanger. Continuer la cuisson à feu doux un petit quart d’heure.
Placer dans un grand plat en terre et réserver au frais 24 heures avant de consommer frais.

la cargolade.

Des escargots grillés sur un feu de sarments.
Les gens du Roussillon revendiquent la paternité de cette recette, alléguant une vieille légende selon laquelle Vénus, échappée de l’Olympe et réfugiée à Port-Vendres, y aurait fait griller pour son amant la première cargolade. On sait par l’archéologie que la recette date de la préhistoire. Il n’empêche qu’à Narbonne, les bons Catalans célèbrent la divinité grecque à la mi-octobre en élevant des braseros collectifs au domaine d’Aussières, sur la route de Carcassonne. Une fête païenne au cours de laquelle des milliers d’escargots sont grillés avant de passer aux choses sérieuses (saucisses, boudins, côtelettes et fromage de Roquefort). La cargolade se pratique encore dans toute la France méridionale, dans le Languedoc, la Gascogne, la Guyenne jusqu’en Charentes, dès que le temps permet la cuisine à ciel ouvert et particulièrement les matins de vendanges.

Pour préparer une excellente cargolade, procéder comme suit :

Choisir des petits-gris de petite taille.
Préparer un sel du Roussillon en pilant au mortier du gros sel mêlé de thym, de clou de girofle et de poivre.
Recouvrir le gril d’un grillage fin sur lequel on range les coquilles, ouverture vers le haut.
Saler.
Placer au-dessus des braises bien chaudes.
Toute la difficulté est dans la maîtrise du feu.
Les escargots vont chanter en rejetant de l’écume.
Les baptiser à la graisse d’oie fondue et manger immédiatement.

L'escargot – volet 2 : opercule et tortillon.

L’opercule.

La question de l’opercule (qui fit trébucher André Castelot dans son Histoire à table) avait pourtant été élucidée par le grec Dioscorides.
Ayant observé que l’escargot de Bourgogne a la particularité de secréter un bouchon calcaire à la fin de l’été pour passer les rigueurs de l’hiver, il le nomma “pomatias” qui signifie “bouché“.
Le nom d’helix pomatias désigne toujours l’espèce dite de Bourgogne.
Le petit-gris, ou helix aspersa, vit et hiberne dans des régions plus clémentes. Il ne fait pas de véritable bouchon calcaire mais un simple voile opaque. On le dit “voilé”.
L’escargot “coureur”, lui, désigne par opposition l’état actif quelle que soit l’espèce (et non, comme l’a cru Mr Castelot, une espèce particulière 🙂 ).
La nécessité pour le bourgogne de secréter son bouchon calcaire à l’automne explique la saveur “sableuse” de l’espèce en fin d’été. On y remédie en supprimant la partie supérieure de sa collerette.

le tortillon…

Avant tout, quels que soient l’espèce, le lieu et la coutume, l’escargot vif est mis à jeûner pendant trois jours, le temps de digérer.
On se dispensera du salage qui provoque la sécrétion de bave en faisant souffrir inutilement l’escargot. Puis on procèdera à un lavage soigneux à grande eau.

Faut-il châtrer ?
La question du tortillon (c’est la partie qui demeure à l’intérieur de la coquille), nommé à tort cloaque par certains et généralement considéré comme une partie “sale”, mérite d’être examinée.
La législation oblige les préparateurs et les conserveurs à châtrer.
Cependant, les gastronomes avertis savent que le dit “cloaque” (en réalité hépato-pancréas) est non seulement parfaitement comestible mais encore savoureux… et on note qu’en suçarelle comme en cargolade, le châtrage * est forcément exclu).

* le terme “châtrage”, usité, n’est pas impropre. Techniquement, il évoque une ablation mais n’a aucun rapport avec une quelconque castration testiculaire.

L'escargot – volet 1 : histoire d'un succès

Sujet offert aux curieux éclectiques et aux étudiants en gastronomie.

Ayez la gentillesse de lire posément les billets s’ils vous attirent avant de commenter, en sorte de nous épargner des coms facebookiens de haut vol aussi productifs que “Beurk ! C’est dégueulasse“.
Merci d’avance et bonne lecture.

Mes plus vifs remerciements à Claude Huyghens et à Françoise Danrigal pour la qualité de leurs précieuses informations, la richesse de leur partage et l’excellence de leurs multiples ouvrages.

De la Préhistoire à l’Antiquité.

Le temps de l’escargot commence il y a plus de dix mille ans, juste après la grande époque du renne, une histoire qui se feuillette dans les couches archéologiques.
le réchaufement postglacaire provoqua l’extension considérable des forêts au détriment des grands espaces habités par les bisons, les rennes et autres grands herbivores.
Le territoire de l’homme se dépeuplant, celui-ci est contraint d’exploiter les ressources naturelles qu’il avait jusqu’alors ignorées.Il découvre alors la saveur de la chair d’escargot rôtie sur la braise ou les pierres du foyer.
En Suisse, les résidus de cuisine de cités lacustres ont livré des coquilles calcinées de cepea nemoralis (notre escargot de jardin), et quelques autres espèces.
En Haute Provence, on trouve des amas de coquilles sur les sites aziliens.
La cargolade de l’arc alpin précède de peu la suçarelle dont les témoignages les plus anciens ont été découverts à Tebessa, en Algérie : petite innovation du néolithique tardif, les coquilles ont percées au sommet à l’aide d’un poinçon en os en sorte de mieux en aspirer le contenu.
Puis vient le temps de la civilisation et de l’écriture.
Ces coquilles que les anciens appellent hélices retiennent d’autant plus l’attention des lettrés qu’elles se mangent et Aristote, Horace, Pline l’Ancien, Varron ou Dioscorides en parlent dans leurs traités d’histoire naturelle ou de médecine. Sensibles au goût du terroir, ils précisent les provenances : Sardaigne, Lybie, Sicile et Chio ; un grand limaçon vient déjà de Turquie et le pomotias que nous appelons bourgogne arrive des Alpes liguriennes. Le petit-gris n’est pas nommément cité, mais c’est vraisemblablement lui que les navires romains vont chercher en grandes quantités sur lepetits côtes d’Espagne et d’Afrique.
Expédiés à grands frais de tous les coins de l’empire, les limaçons jouissent d’une grande renommée.
On prend le soin de les engraisser à la farine, au vin et aux herbes aromatiques avant de les préparer en cuisine.
Pendant la guerre du grand Pompée, un certain Fulvius Hirpinus invente les premiers enclos spéciaux que les auteurs du Moyen-Age citeront en exemple sous le nom d’escargotières.
Apicius Coelius conseille de placer les escargots dans un vase contenant du lait salé le premier jour, puis dans du lait pur jusqu’à ce qu’ils s’en gorgent et ne puissent plus se retirer dans leur coquille. Alors on les fait frire à l’huile.
Il ne précise pas ce que tout bon mitron sait à Rome : en préalable à la cuisson à l’huile, les jeter dans l’eau bouillante ( ça ne vous rappelle rien ? “Trempez la dans l’eau, trempez la dans l’huile, ça fera un escargot tout chaud“… Promesse d’une friandise ancienne et appréciée).
Les descendants d’Homère ont jugé nécessaire de civiliser la grillade par le procédé du bouillon. La toute nouvelle marmite a imposé cette mode que l’escargot subit sans problème au contraire de nos viandes.
Timalcion, soucieux du paraître, se les fait présenter sur un gril d’argent.
On se sert d’une cuillère, la “cochlear“, dont le manche terminé en pointe permet de sortir l’escargot de sa coquille.
Côté santé, tous les bons auteurs considèrent qu’ils sont apéritifs, facilitent la digestion et sont même capables de ranimer l’appétit de convives alourdis par le vin. Pline l’Ancien (plus médecin que cuisinier) les conseille comme “un des meilleurs remèdes de l’estomac avec du vin, à la fin d’un repas, en même temps que le fromage blanc, le miel et les fruits“.

Au Moyen-Age.

Originaire de l’arc alpin, le bourgogne a été introduit en Gaule par les armées de César. On ignore s’il fait partie de l’ordinaire des troupes. On sait que les grognards de Napoléon en emportant dans leur bagage mais il est vrai qu’Appert leur a facilité la chose en inventant la conserve (mais on sait aussi que les romains savaient conserver dans l’huile, l’eau salée, le sel, etc.)
Au Moyen-Age, l’escargot s’impose comme excellent mets de Carême, propre à réjouir les moines convers. D’abbaye en évéché, l’escargot va conquérir l’Europe.
Il était fatal que sur cet itinéraire l’escargot rencontrât le vin. L’union a lieu dans d’énormes marmites qui, du matin au soir, frémissent au-dessus de l’âtre afin d’accueillir à l’improviste pélerins, nonces et seigneurs de passage. Mariage très catholique pour ce ragoût qui ne prendra le nom de “matelote” qu’au XVIIème.
Le plaisir du manger est propice à la création : des mains habiles et louangeuses installent le limaçon au fronton des églises et sur les enluminures. Tout porte à penser que la nouvelle soupe d’escargots plut aux visiteurs et que les plus curieux se renseignèrent sur la manière d’agrémenter leur ordinaire, particulièrement monotone à la fin de l’hiver.
L’escargot passe ainsi du couvent à l’office des riches.  A ce moment-là, la friture est en vogue. L’escargot y saute, comme le mentionne le Mesnagier de Paris, ouvrage de cuisine écrit en 1393 selon lequel: “les limaçons, que l’ont dit escargoles, frits en huile, oignons et ambre, sont pour gens riches“.
On le conserve bouché (cf. volet 2 à propos de l’opercule), dans de la paille d’avoine, soit à la cave pourvu qu’elle soit saine, soit au grenier.

Du XVIème au XVIIIème siècle.

Rabelais confirme : la consommation d’escargots est devenue une institution de carême.
Selon Franklin, “on les sert encore dans une petite broche comme rognons“. Mais en 1654, Nicolas de Bonnefon s’insurge contre la consommation d’escargots, “ragoûts dépravés“, dont Charlotte-Elizabeth de Bavière, belle-soeur de Louis XIV, se régale à la cour. L’auteur des Délices de la Capagne est-il un original ou bien l’escargot est-il devenu le plat du pauvre, comme le signalera Diderot au XVIIIème ?
La grande timidité du mollusque dans les livres de cuisine, véritables inventaires des menus royaux, donne à penser que les grands de ce monde en sont privés.
En revanche, l’internationale des églises chétiennes a bien fait son travail. L’escargot s’est démocratisé et nourrit les populations à travers toute l’Europe.
A Ulm, des éleveurs en expédient sur le Danube quatre millions par an, en tonneaux de dix mille jusqu’au-delà de Vienne. Dans toute l’Italie, des gargottes les font cuire dans de vastes marmites en plein air. A Naples, des marchands ambulants parcourent les rues en portant sur la tête un brasero fumant encadré de pains et de fleurs en brochette. Pour quelques piécettes, le passant reçoit un sandwiche fumant qu’il dévore comme d’autres mangent des cornets de frites.

Du XIXème siècle à nos jours.

Au XIXème, l’escargot devient français : sa notoriété fait sa perte.
La réhabilitation de l’escargot a la table des puissants a lieu sous l’Empire. Talleyrand et Carême en sont les auteurs.
Par un coup d’éclat dont ils sont coutumiers, ils en font une spécialité française quand, en 1814, le prince recevant le tsar Alexandre 1er lui fait servir un plat d’escargots accompagné d’un carton portant la mention “escargots à la bourguignonne“, suivie du descriptif de la recette. Il n’en fallait pas plus.
Au sommet de sa gloire, l’escargot de Bourgogne va pourtant connaître ses premiers gros ennuis. Celui que l’on appelle encore l’escargot des vignes, car il est friand des jeunes pousses, s’attire la vindicte des maîtres de chais.
La destruction du nuisible est programmée par des campagnes d'”escargotage“.
Au même moment, il est âprement ramassé pour fournir le marché et l’industrie naissante de la conserve. La pression de chasse ne se relâchera plus. Soumis un peu plus tard aux traitements par désherbants, restreint par le remembrement des haies,l’escargot voit rétrécir son ancien domaine.
Arrive enfin le raz de marée des maisons secondaires équipées de voraces congélateurs. Le limaçon pourchassé met les bouts § On croit savoir qu’il est encore présent dans quelques isolats du territoire français. Il se serait ainsi réfugié dans les friches et bois de buis du Jura, ce pays sympathique où il pleut six mois de l’année, le reste du temps étant sous la neige 😉 . Heureux Franc-Comtois…
L’affaire aurait pu s’arrêter là.
Mais la notoriété gastronomique de l’escargot de Bourgogne étant solidement établie, il est importé dès la fin de la Deuxième Guerre Mondiale pour faire face à la demande croissante. Les pays exportateurs sont l’Allemagne, la Belgique et la Suisse.
En 1970, la source étant tarie, il faut aller chercher plus loin à l’est, en Hongrie, Yougoslavie, Tchécoslovaquie, Pologne et Roumanie. Malheureusement, son aire géographique n’est pas extensible : incapable de s’expatrier au-delà d’une ligne Riga-Odessa, il reste cantonné à la zone de climat continental et semi-continental européenne sans pouvoir migrer vers les régions méridionales et atlantiques. On songe tardivement à protéger l’espèce dans quelques pays.
En 1979, sa récolte est interdite en France en dessous de trois centimètres de diamètre et totalement prohibée du 1er avril au 30 juin pendant sa période de reproduction. Entre-temps, le marché a déjà passé la main. Exit le bougogne.  Le turc, le charentais et le gros-gris d’Alger vont entrer en lice.
L’escargot turc, l’helix lucorum, dont la coquille est très proche du bourgogne, se prête à la substitution. Il vient de Crimée, Turquie, Bulgarie, Sud de la Yougoslavie et de l’Italie. L’étranger arrive congelé. L’affaire s’ébruite et provoque le tollé des amateurs de bourgogne.
La législation contourne l’obstacle par la circulaire du 8 aoüt 1978 sur les dénominations : l’helix pormatia a seul de droit à l’appellation d’escargot de Bourgogne, l’helix lucorum a droit à celle, plus restreinte, d’escargot. Le problème du congelé est ainsi joyeusement escamoté. Soyons juste, la chair de l’escargot supporte parfaitement l’opération. Dans le même temps, ce qui est plus grave, la mention de produit frais est détournée. Selon la législation, elle s’applique non à l’escargot mais au beurre. L’escargot congelé peut sans complexe être mis en conserve, préparé au beurre frais manié à l’ail et au persil. Il est dès lors dénommé “escargot au beurre frais“…
Parallèlement à l’arrivée des turcs sur le marché de l’escargot, on s’intéresse au petit-gris, l’helix aspersa, encore nommé l’escargot chagriné, le cagouille des Charentes.
Méchamment décrié au temps de la splendeur du Bourgogne, réservé à la seule consommation locale, il était jusqu’en 1935 exclu des circuits commerciaux. L’espèce d’origine méridionale, présente dès le quaternaire en Algérie, Corse, Italie et Côte d’Azur, a rapidement gagné les régions atlantiques de la France, de l’Espagne et du Portugal. Introduite en Grande-Bretagne peut-être dès le néolithique, du moins sous la Rome Antique, elle est prolifique, ubiquiste et étend son aire géographique. Au temps de la marine à voile, des marins portugais et espagnols prennent l’habitude d’en embarquer à bord comme “viande fraîche”. Il y a au port de La Rochelle des parcs de stockage, les escargotières, qui facilitent l’approvisionnement.
De cette façon, le cagouille charentais émigre aux Antilles, puis au Sénégal et s’adapte, hors de l’Europe,dans de nombreuses régions tempérées et subtropicales du globe où on le retrouve aujourd’hui.
Lorsque, dans les années 50, la disparition du bourgogne attire l’attention sur lui, le petit-gris, déjà bien installé dans la gastronomie méridionale, fait savoir au reste de la France qu’il relève le défi de la qualité gustative. Mal lui en prend, l’espèce se raréfie dans la campagne française des années 70. Qu’à cela ne tienne, on l’importe de Grèce, de Crète, d’Anatolie et du Proche-Orient. Les petits-gris étrangers arrivent frais ou congelés selon la saison et le pays. Pas plus que pour le bourgogne on ne s’inquiète de sa brutale raréfaction. On songe pourtant à l’élevage. On découvre qu’un variété géographique de l’espèce charentaise, le “gros-gris d’Algérie” originaire de Constantine, a la particularité de se prêter à l’élevage : six mois seulement pour devenir adulte ! Le métier d’éleveur d’escargots fait son apparition en France.
Le coût de production des escargots d’élevage reste supérieur à celui du ramassage, mais il met sur le marché un produit frais de grande qualité. Par ailleurs, il permet d’envisager plus sereinement le problème de la conservation de l’espèce.
Il est bien temps de sauver l’escargot : en 1974, l’achatine fait son apparition sur le marché. Transitant par la Belgique et l’Allemagne, la grosse coquille fusiforme est une espèce tropicale originaire du Sud-Est africain et Madagascar.
Dès les années 90, elle est exportée par les Philippines, Taïwan, la Chine Populaire, la Thaïlande, et accapare plus de 50% du marché international sous le nom d'”escargot achatine”, l’emballage devant obligatoirement présenter une illustration de la forme caractéristique de la coquille pour empêcher toute fraude. Son prix est extrêmement compétitif et sa chair caoutchouteuse à souhait n’a vraiment rien à voir avec celle de nos escargots.
Une fausse démocratisation d’un produit de luxe qui ne l’a pas toujours été parvient-elle à malmener le pouvoir de la gourmandise ? Pas sûr.
On l’a vu au long de son histoire, l’escargot se conjugue à toutes les sauces.
L’engouement parisien pour le bourgogne en coquille, bien que compréhensible, ne doit pas oblitérer la riche diversité des recettes de terroir. Aucune des inventions culinaires propres aux escargots ne s’est perdue.
Un miracle à honorer.

le pâté d'escargots, ou escargotine

La mode est -ou plutôt revient – à l’escargotine, ou pâté d’escargots, produit que l’on trouve en épicerie fine et qui se toaste sur du pain frais ou grillé. Cette “nouveauté” remonte en réalité au 16ème siècle (je reviendrai sur l’histoire de l’escargot en tant que comestible, bien antérieure au 16ème). On en trouve recette dans les écrits de Lancelot de Casteau, maître queux qui servit les trois princes-évêques de Liège et enregistra son savoir en un ouvrage, “l’Ouverture de Cuisine”. (Ne cherchez pas trop, même si l’ancien français ne vous trouble pas, il n’existe q’un exemplaire ; il est à la Bibliothèque royale de Belgique). Lancelot de Casteau… rappelez-vous ce nom et honorez-le : vous lui devez les frites du vivant de Parmentier, et les rosties avec épinards ou orties. Après avoir goûté quelques escargotines commercialisées dont les prix et la qualité sont…variables, je pense que la meilleure option est encore de la faire soi-même. Donc, Pour faire pastés de caracolle. Prennés les caracoles… Pardon. Prenez des escargots bien cuits et bien nettoyés, coupez-les grossièrement avec un couteau. Ajoutez de la noix de muscade, du poivre ainsi que du beurre. Après avoir cuit une demi-heure dans le four, prenez quatre jaunes d’œufs battus et mélangés avec un peu de vin d’Espagne. Ôtez le pâté du four, puis versez-y la sauce dessus. Laissez encore au four le temps de dire un Pater Noster mais pas plus.

Poëllée de lotte aux noix de Saint-Jacques et au safran et sa fondue de poireaux

Voici une recette sympathique, testée depuis une quinzaine d’années et ardemment approuvée, que je dois, si ma mémoire est bonne, à Philippe Masson. Elle est – je n’ai pas cherché – peut-être encore en ligne sur un vieux site. Idéale pour honorer ses invités (ou se les attacher 🙂 ), je la classe parmi les recettes “addictives” (ceux qui ont tâté de mon coq au Riesling savent..).

Pour les cuisiniers occasionnels, souvenez-vous qu’on lit toujours une recette en entier avant de l’entreprendre.

Ingrédients (pour 8 personnes) :

1 belle lotte (1,5 à 2 kg). Faites la étêter et peler par votre poissonier. S’il est gentil, demande-lui de retirer l’arête centrale pour ne garder que les côtés. Sinon, vous devrez le faire vous même.Il doit vous rester à peu près 1 kg de chair.
500 grammes de noix de St Jacques (ou de noix de pétoncles) : environ 3 à 4 par convive.
2 g de “vrai” safran. (pas la poudre rouge ou jaune. Le safran se présente sous la forme de filaments rouge vif : ce sont des pistils de crocus)
5 gros poireaux
Du fumet de poisson (on peut le faire soi-même avec les parties cartilagineuses de la lotte, mais, pour plus de facilité, vous trouverez du fumet de poisson lyophilisé dans tout bon rayon épicerie)
50 cl de crème fraîche épaisse
1/4 de litre de lait Noix de muscade
Quelques branches de cerfeuil frais
Beurre
50 g de farine
2 cuillers à soupe de whisky. (et ne tombez pas dans la vieille fable du “whisky de cuisine”. Si vous cuisinez un plat fin, utilisez un alcool fin. Un Islay au goût particulièrement fumé, ou un Dalwinnie, convient parfaitement.)

Tranchez la lotte en morceaux de 2 cm d’épaisseur.
Egouttez les morceaux. Essuyez-les (papier absorbant).
Mélangez la farine avec 1 cuiller à café de sel fin.
Farinez les morceaux de lotte. (Astuce : pour fariner des morceaux de poisson ou de viande, mettez la farine dans un sac en papier ou en plastique – assurez vous que le sac n’est pas percé. Mettez les morceaux. Fermez. Secouez vivement : pas de farine perdue. Farinage homogène. Pas de saletés à nettoyer) )
Dans une sauteuse, mettez à fondre 30 grammes de beurre avec 2 cuillers à soupe d’huile.
Faites y dorer les morceaux de lotte à feu vif puis réservez-les dans une assiette. Mettre les noix de St Jacques (ou de pétoncle) dans la sauteuse.
Réduisez le feu au bout de 4 à 5 minutes (lorsque les noix commencent à rendre leur eau).
Retirez les noix après qu’elles aient rendu leur eau et réservez-les. Placer les filaments de safran dans un verre.
Les recouvrir d’eau chaude. Agitez.
Laisser réduire de moitié, à feu doux, l’eau des noix de St Jacques.
Délayez-y le fumet de poisson.
Ajouter le safran et son eau, le whisky, 30 cl de crème.
Laisser réduire de moitié, à feu doux en remuant doucement. Verser les morceaux de lotte et les noix de St Jacques.
Salez à votre goût si nécessaire.
Continuer la cuisson 5 minutes à feu doux en remuant délicatement.

La fondue de poireaux :
Eliminez le vert des poireaux (gardez-le pour une soupe) Fendez les poireaux en 4 dans le sens de la longueur.
Lavez les soigneusement.
Emincez-les en tronçons de 1/2 cm.
Mettez à fondre 20 g de beurre à feu doux dans une sauteuse.
Placez y les poireaux, remuez pendant 2 à 3 minutes.
Versez le lait. Feu vif. Remuez jusqu’à ébullition.
Ajouter 20 cl de crème.
Feu doux. Remuer.
Cuire avec couvercle pendant 15 minutes (profitez de ce temps pour préparer la poëlée de lotte).
Saler à votre goût.
Ajouter une pincée de noix de muscade râpée. (Attention. La noix de muscade doit être utilisée avec parcimonie. Elle peut facilement “casser” les autres saveurs.)
Disposez dans les assiettes une couronne de fondue de poireaux. Placez au centre les morceaux de lotte et les noix de St Jacques.
Versez un peu de la sauce de la poëlée.
Décorez avec quelques feuilles de cerfeuil.
Servez.

La boisson : Un blanc moelleux. Pourquoi pas un Ladoix.

Le truc : Ce type de délice peut être introduit dans un repas de fête, donc long menu. La suggestion en cas de menu long (entrée, poisson, entremets -au sens original du terme-, viande, fromage, dessert), est de faire suivre ce plat par une salade de cresson qui “nettoie les papilles” avant de consommer un autre plat. Une autre option est de prévoir un entremets un peu acide (flan de brocolis au citron par exemple) qui aura le même effet.

La table du jour : une szevanska

Nenni. Pas la peine de dire “szevanska tzigane”, elle est d’office roumaine et tzigane par définition.
Recette offerte par un ami cher il y a des années et toujours honorée, elle habillera notre table ce jour et, histoire de partager, un copié-collé vous la ramène ici.
Il en est de plus sophistiquées (filet mignon, chorizos, etc) mais ce n’est plus très authentique.

Allez, au travail, petit kohaï. Va laver ton bol et ne te mortifie pas : le chêne le plus majestueux a un jour été un gland, comme toi.
Je te chuchoterai la recette du Fo tiao qiang quand tu en seras digne.
(et que tu auras appris à jauger le mur :-))

La szevanska, donc.

Ingrédients :
Un roti de porc de 500 grs environ
6 tranches de poitrine fraîche
Un saucisson
3 ou 4 oignons en tranches fines
4 ou 5 belles pommes de terre coupées en tranches fines sur leur longueur
un grand pot de crème fraîche
un petit pot de paprika fort
du sel

Mode d’emploi :

Commencez par tapisser l’interieur d’un plat à four sufisamment profond avec une feuille d’aluminium. Puis, huilez la surface de cette feuille sans excès. Découpez le roti de porc en au moins six tranches (une par convive). Faites de même avec le saucisson, les pommes de terre et les oignons. Tartinez la tranche de roti sur les deux faces avec de la crème fraîche, et appliquez la sur la partie étroite de votre plat, dans le sens de la hauteur, comme si vous rangiez vos livres… Vous allez ainsi partir de la gauche de votre plat pour aller jusqu’à la droite, en tassant bien au fur et à mesure que vous progressez dans la construction de l’édifice. A chaque fois, saupoudrez de paprika la rangée que vous avez constitué . Alternez pour chaque rangée la viande et les légumes (rôti, oignons, saucisson, patates, etc…), veillez cependant à bien équilibrer vos rangées pour ne pas arriver trop vite à la fin de vos stocks de viande. A la fin de la constitution du plat, versez et étalez sur le dessus le restant de crème, et balancez une dernière et bonne couche de paprika. Si il vous reste quelques rondelles de saucisson ou de pommes de terre, glissez les dans les rangées déjà construites, ça passera. Salez légèrement. Couvrez et enveloppez le plat avec une feuille d’aluminium (face brillante en dessous), et enfournez à four chaud (180°) pendant deux heures.
Servez immédiatement, et régalez-vous.

La boisson :
Prenez plutôt un vin que l’on peut boire frais, style vin de Loire (ou rosé.)
Les petits vins du sud comme le Corbières font également l’affaire.

Si vous voulez mieux, je vous donne une pépite d’information. Gare à l’addiction….

Patrick Desplats et Sébastien Dervieux  à Saint Lambert du Lattay
06 82 56 80 75 – 06 82 00 32 67

Miam… A fost foarte bun !

Volaille : préparer un cygne ou un paon.

Pour tous cignes et poons, en trez le sanc par les testes touz jus, après les fendez pardesus le dos jusques ès espaulles e les esfondéez, e puis si les métez en broche, o touz les piez o toutes les testes; puis bréez safren e pain blanc destrempez de vin, e bréez moues de oves e safren, e en mouillez les oiseaus o une plume, e getez de la poudre desus, qui est aussi comme de toutes espices, fors de ciconant e de sormontaing. E quant li cisne e li poon seront cuit e essuiez, si les envolepez en une toalle, e puis portez sus les tables einsi, e donez au seigneur, du col e de la test, e des èles e des cuisses, e du remenant, ès autres.

En d’autres termes, il vous faut premièrement extraire le sang par les têtes vers le bas, puis fendre les bêtes sur le dos jusqu’aux épaules et les retourner, et les mettre ainsi en broche, avec les pattes et la tête. Broyer ensuite du safran et du pain blanc trempé dans du vin, et pétrir des jaunes d’oeufs et du safran, et en mouiller les oiseaux avec une plume, et jettez de la poudre dessus, qui est comme toutes les épices, fort de ciconant aussi appelé citovaut, mais non transmis : cumin? cerfeuil? autre?)et de sormontaing (certains evoquent le seseli carvi dont les vosgiens mettent les graines dans leurs fromages, d’autres le Laserpitium siler).

Bref, le ras-hanout est parfait. Mieux vaut opter pour cette valeur sûre.

Et quand le cygne et le paon seront cuit et secs, enveloppez les dans un linge et amenez les sur la table ainsi, et donnez au seigneur (moi, donc) du cou, de la tête, des ailes et des cuisses, et le reste aux autres.

Et pis voilà.

Hypocras

L’hypocras est un vin épicé sucré, accpetable en apéritif ou en digestif, avec des épices variant selon les recettes.
En voici Trois.

Broyer finement 2 clous de girofle et 1 g de graines de paradis (ou maniguette). Ajouter 6 g de cannelle en poudre et 6 g de gingembre en poudre.
Mettre dans un saladier avec 110 g de sucre en poudre et mélanger.
Verser 75 cl de vin rouge ( bourgogne ) ou de blanc sec (sauvignon ou muscadet), bien mélanger pour dissoudre le sucre et laisser reposer 2 à 3 heures environ.
Filtrer ensuite la boisson dans un chinois étamine, puis refiltrer dans une mousseline au moins 2 fois pour que le liquide soit bien clair.
Transvaser en bouteille, boucher et mettre au frais quelques jours avant consommation.
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Pour préparer de la poudre d’hypocras, prenez un quarteron de cannelle très fine éprouvée à la dent et un demi-quarteron de fleur de cannelle très fine, 1 once de gingembre de Mesche nettoyé et très blanc, et 1 once de graine de paradis, un sixième d’once d’un mélange de noix muscades et de garingal, et battez le tout. Lorsque vous êtes prête pour commencer l’hypocras, prenez une bonne demi-once de cette poudre et mélangez avec deux quarterons de sucre et une quarte de vin à la mesure de Paris. Nota que la poudre et le sucre mélangés font la poudre de duc.

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5 litres de vin rouge
400 g de sucre ou 500 g de miel
30 g de cannelle en poudre
30 g de gingembre en poudre
8 g de clous de girofle
8 g de vanille
Préparation
Bien remuer et laissez reposer 9 jours.
Filtrer et mettre en flacon