Dans mes comms souriants consécutifs
au billet précédent sur l’huile des fées, j’en
venais à parler d’étiquettes disgracieuses altérant
la beauté du flacon.
Une association de pensée facile
qui n’allait pas sans faire allusion à Bergson, soulignant qu’on voit généralement l’étiquette
posée sur l’objet de notre pensée plutôt que
l’objet lui-même. Cette pensée n’est elle-même
pas sans rappeler un autre précepte issu d’une autre
philosophie : quand on te montre la Lune, regarde la Lune et non
le doigt qui la montre.
Voici des réflexions de bon sens
qui comme d’autres nous mènent de part leur contenu à réfléchir,
à élever notre regard dans l’étude simple de
la sagesse.
Cette étude de la sagesse, si
simple ou érudite soit-elle, se pratique au quotidien par (et
au profit de) chacun d’entre nous. Elle n’a pas une portée
inaccessible et se nomme, de par l’éthymologie grecque,
« philosophie ».
Cette simple pensée sur un
concept simple amène une interrogation. Pourquoi cantonner la
philosophie à la Terminale et ne pas l’étendre à
la Première, voire à la Seconde ? Il y a des
choses qui peuvent être embrasées, prises, charriées
par la philosophie et dont on pourrait parler évidemment dès
la Seconde et même avant. C’est si vrai d’ailleurs qu’on
enseigne bien souvent un peu de philosophie en primaire, désormais ;
c’est devenu un genre, c’est assez chic, c’est une nouvelle
mode. Et en revanche, dès que les enfants accèdent à
l’adolescence, dès le moment où ils construisent une
identité par opposition systématique au monde qui les
entoure, c’est le moment où on les prive de la seule
discipline qui rendrait le monde digeste ; c’est bien dommage.
« Mais entre autres choses,
cette organisation de la plupart de nos collèges m’a
toujours déplu », disait Montaigne à propos
de telles failles. C’était voici plus de quatre cents ans…
La bride n’est pas le meilleur outil
pour élever un être, quand bien même son usage
s’avère parfois nécessaire, et son efficacité
n’est proportionnelle qu’à la sagacité de l’usage
qu’on en fait..
En l’occurrence, l’approche de la
philosophie réservée à la dernière année
du second cycle, dans l’enseignement « moderne »,
remonte à Victor Cousin, d’une part parce que la
philosophie de l’époque impliquait un regard plutôt complexe au
travers de l’étude quasi-immédiate de Kant, Hegel,
Fichte et autres dont l’accès est incommode, d’autre part
parce que l’inquiétude de générer des myriades
de carbonaristes à son exemple a donné à
réfléchir aux régimes qui se succédèrent
en ces temps troublés où le pouvoir et le savoir
commençaient à prendre corps ensemble.
Un tel obscurantisme – car il faut
bien nommer les choses – a-t’il sa place à
notre époque ou est-on en droit de reconsidérer les
choses, au même titre qu’elles l’ont été
quant à l’apprentissage des langues, autrement compliqué
mais utile ?