J’ai lu…
On appelle Agent Orange l’herbicide le plus utilisé par l’armée américaine durant la guerre du Viet Nam. Les herbicides servaient à défolier les forêts (afin d’empêcher la guérilla vietnamienne de se cacher), à dégager les installations militaires et à détruire les récoltes ennemies. L’Agent Orange est en fait rose-brunâtre. Il doit son nom aux bandes de couleur orange inscrites sur les barils dans lesquels il était stocké. De même furent baptisés les Agents Blanc, Bleu, Rose, Vert et Pourpre.
Deux tiers des herbicides utilisés pendant la guerre du Vietnam, notamment l’Agent Orange, contenaient de l’acide 2,4,5-T pour ses capacités de défoliation. Or les procédés de fabrication industrielle de cet acide étaient tels que l’acide produit était contaminé par des doses plus ou moins fortes d’une substance extrêmement toxique : la 2,3,7,8-tétrachlorodibenzo-para-dioxine (TCDD).
La quantité de dioxine variait selon les herbicides. Entre 1961 et 1971, l’armée américaine a à elle seule déversé 77 millions de litres d’herbicides contenant 400 kilos de dioxine TCDD, sur
2,6 millions d’hectares (ces surfaces ont été « traitées » en moyenne cinq fois, certaines zones ayant reçu jusqu’à dix épandages successifs). Cela représente 10 % de la superficie du Vietnam du Sud et 50 % des forêts de mangrove. Au total, entre 2,1 et 4,8 millions de personnes vivant dans 20 000 villages ont été directement affectées.
Des centaines de milliers d’hectares, dans le sud et le centre du Vietnam principalement, mais aussi au Laos et au Cambodge. Or les normes internationales fixent les seuils de dioxine à ne pas dépasser par personne en millionième de millionième de gramme.
La dioxine est une substance cancérigène et tératogène (produisant des malformations chez les nouveaux-nés). Elle provoque des maladies de peaux, et porte atteinte au système immunitaire, reproductif et nerveux.
2,1 à 4,8 millions de Vietnamiens ont été directement exposés aux herbicides entre 1961 et 1971, auxquels il faut rajouter un nombre inconnu de Cambodgiens, de Laotiens, de civils et militaires américains, et de leurs divers alliés australiens, canadiens, néo-zélandais, sud-coréens. Mais le nombre total de victimes va sans doute au-delà car la dioxine se transmet par contamination de la chaîne alimentaire : lait maternel, lait de vache, consommation de viandes ou poissons contaminés.
Hadès est le nom originel de l’opération américaine de défoliation par voie aérienne au sud du Viêt Nam, qui fut ordonnée par la présidence Kennedy en 1961, et se termina en 1971. Comme le nom Hadès était trop "explicite" (Hadès, dieu des morts), il fut changé peu après en Ranch Hand (« ouvrier agricole »).
Les Etats-Unis réfutent toujours toute responsabilité, et n’ont jamais versé le moindre centime aux victimes vietnamiennes, cambodgiennes et laotiennes de l’Agent Orange et autres herbicides.
Les vétérans américains victimes de l’Agent Orange ont porté plainte contre les fabricants de l’Agent Orange, car ils n’avaient pas le droit de poursuivre le gouvernement américain. En 1984, ces fabricants ont signé un accord à l’amiable avec les associations de vétérans : en échange de l’arrêt de toute poursuite, les fabricants ont versé 180 millions de dollars à un fonds de compensation aux vétérans américains victimes de l’Agent Orange. Début 2004, l’association vietnamienne des victimes de l’Agent Orange/dioxine a porté plainte contre les fabricants de l’Agent Orange. Les deux principaux fabricants sont Monsanto et Dow Chemical.
Trente ans après la fin de la guerre, les symptômes liés à la dioxine sont toujours présents au Viet Nam, et il reste une quantité non négligeable de dioxine dans certaines zones très localisées. On compte aujourd’hui trois générations de Vietnamiens touchées par les herbicides.
La dioxine n’est pas un problème qu’au Viêt Nam. En effet, plusieurs activités industrielles courantes produisent involontairement de la dioxine, notamment la combustion d’ordures ménagères et le blanchiment de pâte à papier. L’accident industriel de Seveso en Italie (1976) peut témoigner des dangers de la dioxine dans le monde entier.
A titre de comparaison, lors de l’accident de Seveso, quelques centaines de grammes de dioxine (probablement moins de 2 kg) se sont répandus pendant vingt minutes sur 1 800 hectares où vivaient 37 000 personnes.