Larvothérapie, asticot-thérapie, Luciliathérapie, Lucillithérapie, biochirurgie, tous ces termes désignent une seule et même technique : L’utilisation des larves (asticots) de la mouche verte (Lucilia sericata) élevées spécialement pour la détersion et la cicatrisation d’ulcères, escarres et plaies d’origine diabétique ou autre.
Très répandue dans les pays du nord de l’Europe, cette technique est trop souvent encore l’objet d’interrogations, d’idées préconçues erronées ou de préjugés négatifs en France, où elle est pourtant autorisée depuis 2006.
Pourtant, cette thérapie médicale démontre quotidiennement son intérêt dans le traitement de plaies chroniques, infectées ou persistantes au Royaume Uni, aux Pays-Bas, en Allemagne et dans certains pays Scandinaves. Des dizaines de milliers de patients en bénéficient chaque année.
Un site de référence en français lui est consacrée : http://www.larvotherapie.com
A mon humble niveau, cherchant à approfondir mes connaissances, insatisfait après une fouille assidue sur soins-infirmiers.com (pourtant très complet), je rassemblais une documentation éclairée autorisant une approche détaillée du sujet.
Il me fallait en effet appréhender des sujets aussi essentiels que la brûlure, la plaie, la plaie chronique, l’escarre, les lésions propres aux diabétiques, leurs soins, le phénomène de cicatrisation et ses freins, pour comprendre les problèmes et les peines engendrées et saisir l’intérêt énorme et fascinant que présente la larvothérapie.
Indications : plaies d’étiologies variées comme les ulcères de jambe, les escarres, les brûlures, les plaies traumatiques, les moignons d’amputation, les plaies cancéreuses,les plaies des pieds diabétiques et les plaies infectées par le SARM.
Contre-indications : Les plaies non exsudatives (puisque les larves nécessitent un environnement humide pour leur croissance), la proximité d’un gros vaisseau (Risque de perforation par les enzymes protéolytiques).
Avant d’aller plus loin, il faut définir ce qu’est la “détersion”.
La détersion, c’est le nettoyage de la plaie, indispensable à la cicatrisation des plaies : : une plaie ne peut cicatriser convenablement si elle présente des débris type nécrose, fibrine, croûtes ou souillures.
Elle doit donc être dégagée de tous les tissus dévitalisés afin de retrouver un fond de bourgeonnement propice à retrouver une intégrité anatomique, fonctionnelle et esthétique les plus proches d’auparavant.
Il existe de nombreuses possibilités de détersion : chirurgicale, mécanique, autolytique, etc.
“Pourtant cette détersion est encore trop peu pratiquée par les professionnels. Les risques de saignement et de douleur, le manque d’apprentissage, les limites légales peu connues entrainent une crainte du geste technique et les pansements sont bien souvent mis en place comme cache-misère.”
(C’était l’objet d’une conférence au Salon Infirmier de Clermont-Ferrand en octobre dernier. Et c’est ce qui m’a incité à regrouper cette documentation ici, en sorte qu’elle soit immédiatement accessible dans son ensemble aux soignants, aux patients et à leur entourage.)
les avantages de la larvothérapie touchent aux points-clefs relatifs aux soins de la plaie:
* la détersion
* l’action bactéricide
* la stimulation du tissu de granulation
1.La détersion est :
– rapide : les résultats obtenus au bout d’un mois avec un traitement plus classique sont atteints en quatre jours.
– importante : “Plusieurs études ont comparé la détersion par les larves et celle réalisée par les hydrogels. L’application de larves permet de déterger 20% de la surface des plaies par jour contre 1% en moyenne avec les hydrogels“,
– sélective : les larves ne touchent qu’aux tissus nécrosés, respectant le tissu sain sous jacent.
– atraumatique : une gêne pas toujours ressentie, supprimée avec les antalgiques (On est bien loin du curetage…)
2.Les larves secrètent des substances bactéricides qui “pourraient être une alternative aux traitements antibiotiques systémiques pour des plaies contaminées, y compris par des germes résistants. L’avenir de cette technique passera peut être par l’inclusion de ces sécrétions dans des vecteurs topiques comme les hydrogels“
3. la stimulation et l’amélioration de la formation du tissu de granulation. Rien de nouveau, comme le souligne le Docteur Pascal TOUSSAINT: sur les champs de bataille, cette constatation avait déjà été faite sur les plaies habitées de larves successivement par les mayas, les aborigènes australiens, Ambroise Pare (16ème siècle), le Baron Larrey (chirurgien sous Bonaparte), Zacharias et Jones (Guerre de Sécession), Le chirurgien William BAER (1ère guerre mondiale).
Puis on oubliait tout avec l’émergence des antibiotiques (39-45)
Et comment pratique-t-on ?
En gros, après diagnostic et prescription, application de topiques protecteurs (pâtes à l’eau, pansements hydrocolloïdes) autour de la plaie, mise en place des vers, renouvellement régulier des vers et du pansement…
———————————————————————–
Tous les éléments de ce qui a été rapporté ci-dessus se trouvent donc dans le détail ici, notamment dans les documents et articles du Docteur TOUSSAINT (Service de Dermatologie. HIA R. Picqué. 33998 BORDEAUX Armées). Avec le témoignage de notre profond respect.
(Il est demandé que “toute référence porte la mention “www.cicatrisation.info“. Pas de problème).
Remarquable aussi et à souligner, la thèse intitulée ” La larvothérapie dans le traitement des plaies“, présentée par Monsieur Julian ROGOWSKI pour obtention du Diplôme d’Etat de Docteur en Pharmacie le 03 Mars 2009 à Nancy 1. Une mine incontournable de renseignements…
Hommage soit également rendu à tous les auteurs de cette enrichissante documentation ainsi qu’à tous ceux qui, comme eux, du plus humble au plus illustre, honorent au quotidien dans l’exercice de leur profession -et au-delà- des responsabilités souvent plus lourdes qu’elles n’y paraissent, acceptées dans l’intérêt de la santé publique.
——————————-
Cas particulier : Additif, extrait d’un article du Docteur Jack Breuil, publié sur Internet le 29/03/2010 et intitulé “Succès et limite de l’asticothérapie”
“Après 20 minutes de contact, on retrouve les asticots morts au fond de la plaie. Pourquoi ?
Une équipe danoise vient d’entrevoir la solution : Pseudomonas aeruginosa. Cette bactérie, opportuniste et volontiers responsable d’infections nosocomiales, est souvent associée à des infections chroniques particulièrement difficiles à soigner, les micro-organismes s’organisant en biofilms extrêmement résistants où les bactéries expriment une virulence particulière réglée par le système QS (quorum sensing). Un moyen de défense redoutablement efficace capable de mettre le système immunitaire ou une antibiothérapie en échec alors même que la bactérie reste sensible… Ce que viennent de montrer AS Andersen et coll, c’est que des mutations dans le QS restaurent, au moins en partie et dans des modèles expérimentaux adaptés, la survie des asticots. Le bacille pyocyanique est donc bel et bien coupable, et son système QS en grande partie responsable.
Le débridement par asticothérapie a largement gagné ses lettres de noblesse et son intérêt clinique n’est plus à démontrer. Les asticots développent plusieurs activités complémentaires, dissolvant les tissus nécrotiques et exerçant une activité bactéricide directe en sécrétant des substances douées de propriétés antibiotiques tant sur des bactéries à Gram négatif que positif, staphylocoque résistant à la méticilline compris. Le bacille pyocyanique leur résiste, mais peut-être plus pour très longtemps. L’ennemi est identifié et la cible connue : la bactérie elle même, ou son système QS. Le Dr Andersen, et sans doute d’autres dans le monde, sont déjà en quête du topique complémentaire adéquat. L’asticothérapie a certainement encore de beaux jours devant elle.”
(Andersen AS et coll. : Quorum-sensing-regulated virulence factors in Pseudomonas aeruginosa are toxic to Lucilia sericta maggots. Microbiology 2010; 156: 400-7)
February 21, 2012
Categories: Santé & bien-être . Tags: asticot, asticothérapie, brulure, cicatrisation, detersion, detersion biologique, escarres, larvothérapie, Luciliathérapie, plaie, SARM . Author: toiquejadore . Comments: 5 Comments